Publié par 5 commentaires

Nostalgie douarneniste

La jetée du port du Rosmeur à marée basse
Une ville ordinaire, son cinéma, sa place, ses rues.

L’odeur des usines de sardines : elle circulera à jamais dans les ruelles qui serpentent jusqu’au port. Tout ici a de la gouaille, même le silence. Même les mouettes, même le bitume des rues, même le ciment des trottoirs ont l’accent de Douarnenez.

La rue Monte-au-ciel, la rue des Piétons. Le marché.

Le vieux port du Rosmeur, comme s’il était là pour servir de décor aux bistrots. Le nouveau port construit pour l’abondance de langoustes, comme la ville a été construite pour l’abondance de sardines, la criée attirante, secrète, réservée et bruyante en même temps, les réparations navales au pied du Flimiou, peintures vives et arcs électriques, la poésie qui s’immisce dans le chantier.

Les langoustiers aux larges coques, les casiers par milliers, les carrés de liège.
Les pêcheurs à la ligne le long des digues vertigineuses, la vue plongeante sur les méduses remontées des abîmes. Les cuves métalliques géantes, si hideuses, si nécessaires au paysage.

On y croise, anonymes et mélangés, un cap-hornier, un Mauritanien, un rescapé du Pourquoi-pas, une figure du communisme, un précurseur de l’aviation, un briseur de grève, un plus jeune capitaine de France, un poète motocycliste, une océanographe photographe, un vieux monsieur respectable qui fut acteur comique… ou leurs ombres. On y croise les fantômes de tous les navigateurs du monde.

La grève des Chiens, la plage des Dames. Le bar la Cabane, chez Titine ; Titine, telle une madame Java à Paramaribo. La Cabane, mélange de maison provençale, de paillotte et de goélette. Au mur, des carapaces de tortues luth vernies, des crabes géants, des langoustes et des balistes. Au bar, des habitués bourlingueurs de bistrots. Au fond, attablé, je n’ai jamais remarqué Hugo Pratt. Mais il était sûrement là, ou son semblable, à observer entre ses paupières plissées narquoises.

L’île Tristan, mystérieuse, un peu hautaine, agathachristiesque. Port Rhu, qui fut un port affairé, puis une vasière à crevettes grises, puis un port musée, puis une vasière, puis.

Le pont. Tréboul. Les Plomarc’h. Pouldavid. Mais ce sont encore d’autres aventures…

Une ville méditerranéenne, Douarnenez. Une ville du monde.

Une ville ordinaire, son cinéma, sa place, ses rues.

Ordinaire. Sauf qu’à côté, il y a tout ça. Tout ça.

Pour des photographies plus conventionnelles de Douarnenez, consultez notre catalogue Photolegende.

Douarnenez

Ci-dessus, à la croisée de la rue de Piétons et de la rue Monte-au-ciel.

Douarnenez, la jetée

Sur le vieux quai du port du Rosmeur.

Douarnenez, le port de pêche

Le port de pêche.

Douarnenez, pêche sur la digue

Les pêcheurs à la ligne sur la digue. Au fond, le rocher du Flimiou.

Douarnenez, chantier naval près du Flimiou

Un petit coup de peinture sur le Flimiou pour tester la couleur ou essuyer son pinceau.

Douarnenez, la plage des Dames

La plage des Dames.

5 réflexions au sujet de « Nostalgie douarneniste »

  1. Merci, « Cha », de ce commentaire encourageant. Tout le charme n’est pas perdu, la preuve : la Cabane, au-dessus de la plage des Dames, se nomme aujourd’hui « Le Bigorneau amoureux », ce qui me rassure quant à l’avenir de la fantaisie créative des Douarnenistes.

  2. un réel plaisir à lire cet article, franchement ! je suis Douarneniste, et dans ces quelques lignes j’ai l’impression de retrouver le charme « perdu » de ma ville.. « perdu » tout simplement parce que je ne fais plus attention à toutes ces petites choses que je vois presque tous les jours.. et grâce à cet article.. juste des étoiles pleins les yeux.. ! merci bien.

  3. Très juste : je n’y avais pas pensé, mais Gwin Zegal évoque en effet l’Océanie (que je ne connais que dans les livres ou dans mes rêves). Qu’est-ce qui crée cette impression ? Mystère…
    Je n’ai pas de souvenir précis de la rogue. Mais le parfum complexe du port de Douarnenez est formé de tout ça, rogue, friture de sardine, mazout, fonds de cale, poisson pourri, peinture, bistrots, criée… même si certains composants ne sont plus que des souvenirs. Ah, si on pouvait mettre ces parfums en bouteille !

  4. Pierre,
    Bravo pour cette excursion à Plouha, qui m’est apparu comme une vision de certains coins de Galice ou du Portugal, voire de terres d’Océanie. Et bravo aussi pour ta déambulation douarneniste où j’ai croisé quelques disparus que j’ai connu un peu, comme Roquevert, ou beaucoup mieux comme Tillon et Perros. L’odeur des sardines, oui mais rare sinon dans la mémoire, mais as-tu connu l’odeur de la rogue sur les quais ?
    Amicalement. MK

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.